Quand rien n'est prévu, tout est possible (Pv Tyki Mikk ♥)

Les ruelles. Ces lieux sombres que j'ai vu pour la première fois après avoir ouvert les yeux. Je ne me rappelais plus de rien. J'avais déjà essayé de forcer ma mémoire mais rien n'y faisait. Je dois avouer qu'avant ça, je mourrais d'envie de savoir ce qui m'étais arrivé, de savoir ce que je faisais, dans une ville qui m'était totalement inconnu. Pourtant, je devais bien venir de là, non ?

Mais quand enfin, ce qui semblait être un souvenir -mais que moi, j'appelais un "cauchemar" faute d'en être sûr- resurgit dans mon esprit embrouillé, je fus alors tirailler entre connaître la vérité et ne rien savoir parce que ça me faisait peur. Mon cauchemar, la première fois qu'il est apparu, montrait un homme, dans l'ombre d'une ruelle, s'avancer vers moi avec un sourire peu avenant, un sourire cruelle ? Cela en avait tout l'air.

Depuis que je me suis "réveillé", je marche sans but dans les rues, je ne sais pas où aller, je n'ai plus aucun repère. Est-ce que j'en avais, avant ? Est-ce que je suis né ici ? Est-ce que mes parents sont là ? Ou tout simplement, est-ce que j'ai encore des parents ? Des frères et sœurs ? Une quelconque famille ? Ces questions-là, j'aimerais bien en obtenir la réponse, par contre. Parce que... Je me sentais vraiment seul, actuellement... Personne ne faisait attention à moi, certains me bousculait, même... En soupirant, je m'arrêtais de marcher pour reprendre mon souffle et regarder un peu autour de moi. Mais il n'y avait rien à faire. J'étais réellement perdu...

Encore aujourd'hui, des gens marchaient en tout sens, ne me regardant pas du tout. Je finis par reprendre ma marche en traînant les pieds, ne sachant pas où aller. Faut dire qu'en plus, toutes les rues se ressemblaient, en plus de ne pas sembler accueillantes. Et puis, je me voyais mal arrêter un passant pour demander mon chemin en disant "Bonjour, je suis amnésique, je sais pas où je vais ni où je suis, vous pouvez m'aider, s'il vous plaît ? " Je suis sûr que la personne se sauverait en courant.

Cela faisait un moment que je continuais à marcher, je ne croisais plus personne. Mais alors que je levais la tête pour regarder devant moi, j'aperçu un homme comme j'en voyais rarement, ici, depuis le temps que je marchais sans but. Sa tenue vestimentaire -un costume bien taillé, les mains gantées et son haut de forme qu'il tenait pour le moment à la main et remplit étonnement de pommes dont il était en train d'en manger une- montrait très clairement qu'il faisait plus partit d'une famille de la noblesse que moi.

Enfin, je le déduisais aussi par mes propres vêtements, jean simple, sweat à capuche, tee-shirt et basket. Je continuais à m'avancer vers lui, dans le but de simplement le croiser en baissant la tête, comme je le faisais pour tout ceux que je croisais mais c'est alors que l'attitude de cet homme changea radicalement. Il remit la pomme dans son chapeau et posa ses doigts sur son front. Je ne compris pas ce qui se passait, pensant qu'il n'allait pas bien mais après l'avoir bien regarder, plusieurs détails me firent reculer de frayeur. Un rictus horrible déformait sa bouche, ses yeux avaient virés au doré et une lueur cruelle semblait y briller. Est-ce qu'un humain pouvait faire ça ?

Tout cela me renvoya à mon cauchemar qui me revenait chaque nuit, quand je m'endormais. Et en ce moment même, je ressentais les mêmes sensations que quand ce qui devait être un souvenir me hantait. Le cœur battant, la panique m'envahissant mais les jambes trop tremblantes et tétanisées pour espérer m'enfuir à toutes jambes face à cet inconnu qui, dans l'instant présent, ne semblait pas humain.

Il semblait pourtant se ressaisir, se calmer mais... De quoi ? Même s'il ne semblait plus avoir l'air aussi cruel, je ne parvenais pas à détacher mes yeux apeurés de lui. Alors que d'autres se seraient très certainement déjà enfuit sans demander leur reste.

J'aurais voulu pouvoir reculer à mesure que cet homme à l'allure effrayante s'approchait de moi. A mesure que ses pas résonnaient sur le sol de ces rues toutes aussi sombres et terrifiantes que lui, par moment. Vu ? Mais vu quoi, au juste ? Oui, j'avais vu ce changement étrange et effrayant se produire chez l'inconnu, mais comment pouvais-je mettre un mot dessus ? Avant que je n'eu le temps de réagir -si seulement j'en avais été capable, de toute façon- il fut plus rapide et me plaqua au mur d'une main tandis que l'autre, vide désormais de tout chapeau, qui venait de tomber par terre avec fracas, fut sur ma bouche, m'empêchant de produire le moindre sons.

Le menace qui atteignit mes oreilles me fit trembler -enfin, encore plus trembler- mais dans un de mes rares sursauts, moi qui avait du mal à me battre alors que j'étais définitivement perdue dans une ville que je ne connaissais pas ou plus, je réussi à enlever la main qui comprimait ma bouche.

- Voir quoi ? Je sais même pas ce que j'ai vu ! J-je... Je vous ai rien fais, en plus, a-alors laissez-moi partir !

Mais j'étais persuadé que mon air et mon ton peu convaincant ne le ferait pas me lâcher. Il ne me voyait pas comme une menace, quand même ? Je vois pas ce que je pourrais faire alors que je n'arrête pas de me perdre à chaque fois que je pose un pied devant l'autre. Mais soudainement, ce comportement qu'il avait envers moi fit resurgir un autre souvenir dont je me serais bien passé à l'heure actuelle. J'étais en fait coller contre un mur, comme maintenant et ce qui devait être mon agresseur s'était rapproché dangereusement de moi pour me faire quelque chose que je ne pouvais pas non plus expliquer, quelque chose qui n'était pas non plus... humain...

Secouant la tête, perturbé par ce que je venais de voir mais refusant malgré tout d'y croire, je bredouillais, le cœur battant de terreur à la fois pour le présent et pour le passé.

- D-De toute façon, je... Je ne vous connais pas alors qu'est-ce que vous pensez que je voudrais faire ? Aller dire à quelqu'un que je vous ai vu vous comporter bizarrement, que vous avez eu des yeux d'une couleur inhabituelle pour un humain ? Qui me prendrait au sérieux ? Déjà que je ne suis pas crédible à la base...

Est-ce qu'il venait de dire "des nôtres" ? Clignant des yeux de surprise, autant pour cause de son changement d'attitude soudaine que de ses paroles, je gardais un moment le silence, perdu, essayant de mettre de l'ordre dans ma tête. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Il n'allait quand même pas me faire croire qu'il était réellement quelque chose de non-humain... Si ?

- M-Mais... Qu'est-ce que vous racontez ? Je suis sensé être quoi, à part un être humain ? ça se voit bien que j'en suis un, non ? Et puis d'ailleurs, même si je n'explique pas votre changement bizarre de tout à l'heure, vous êtes un humain, vous aussi. Alors pourquoi me dire que je suis des "vôtres" ? C'est pourtant normal.

J'avais pourtant le sentiment, à mesure que je parlais, d'être étrange. Ma mémoire perdue ne m'aidait pas à comprendre ce dont cet inconnu parlait. J'en avais assez de toutes ces bizarreries, je préférerais pouvoir avoir une vie normale, comme tout les passants que je croisais et recroisais inlassablement. Et pourtant, j'étais loin de me douter que ma vie normale, maintenant, était très loin, pratiquement inaccessible.

- Et c'est quoi cette aura, dont vous parlez ? C'est n'importe quoi ! Vous vous croyez dans un film, ou quoi ? C'est pas drôle ! Vous m'avez fichu une de ces peurs, en plus !

S'il trouvait ça drôle de se payer de ma tête, moi, je n'avais pas tellement envie de rire. Non mais franchement, c'est agaçant qu'on se moque de nous, comme ça !

Totalement sous le choc, je ne réagis pas tout de suite à ce qui se passait. Le temps que l'information arrive à mon cerveau et que je réalise que je me retrouve réellement face au mur alors que j'étais dos à lui il y a quelques secondes et me voilà en train de perdre toute ma contenance et de céder une fois de plus à la panique. Je me retins à grande peine de hurler, je ne voulais pas vraiment passer encore pour un fou par les autres passants.

- Q-Qu'est-ce que vous faites...? A-Arrêtez ça, l-lâchez-moi, je vous en prie...

En un clin d’œil, je redevins le jeune garçon chétif que tout le monde voyait en moi et que de toute façon j'étais, inutile de me mentir. Mais... Comment pouvait-il faire ça ? C'est impossible... Il n'était vraiment pas humain, alors... Dans ce cas... Qu'est-ce que je suis, moi, puisqu'il a dit que j'étais l'un des siens...? Perdant définitivement tout mon courage d'avant, je sentis des larmes coulées sur ma joue, je devais lui paraître totalement pathétique. Et j'étais morts de peur, aussi.

- Qu-Qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous... êtes...?E-Et moi...? V-Vous avez dis que je faisais partis des vôtres... A-Alors... J-Je suis quoi...?

Est-ce que tout ce temps de flou et d'incertitude allait enfin prendre fin ? Mais est-ce que je devais vraiment connaître la vérité ? Et est-ce que j'en avais envie ? J'en étais pas si sûr, cet homme m'effrayait et de savoir que je pouvais peut-être être comme lui... Cela ne me rassurait pas... Mais alors, pas du tout... Ses yeux jaunes qui me fixaient me mettaient mal à l'aise et la situation dans laquelle je me trouvais, à travers le mur, n'était pas rassurant et, même en le voyant de mes propres yeux, j'avais encore du mal à y croire... Par pitié, faites qu'il arrête ça... Je n'arrivais plus à me contenir, je tremblais de tout mes membres tellement j'étais envahi par la peur.

Le choc que je sentis atteindre mon cœur me percuta de plein fouet. C'est... C'est impossible... L-Les... Les... Je secouais la tête, incapable, même intérieurement, à prononcer le mot de ce qui, dans l'esprit humain, désignait des créatures aussi pâles que la craie avec des crocs -ou des canines, appeler ça comme vous voulez- et qui buvaient le sang des humains.

J'aurais voulu m'enfuir ou même pouvoir m'effondrer mais l'inconnu ne m'avait toujours pas lâché. Au lieu de ça, il m'emprisonnait tant physiquement que moralement puisque le simple mot qu'il avait prononcé sans retenu venait de faire resurgir le souvenir -cette fois, j'en étais sûr- au complet.

La neige qui tombait sur la ville. Je m'étais retrouvé seul, mes "amis" m'ayant abandonné là, comme chaque fois mais, pourtant, je me faisais toujours avoir de la même façon. J'avais déambulé un moment dans les rues sombres et effrayantes, incapable de retrouver mon chemin de moi-même. Je m'étais alors arrêté près d'un mur, un peu comme aujourd'hui d'ailleurs et c'est là que, dans l'ombre juste en face de moi des yeux brillants me regardaient.

Avec lenteur, l'homme a qui ces yeux appartenaient, sortit de l'obscurité avec son sourire effrayant et ses vêtements entièrement noirs. Une voix mielleuse qui me terrifia, faisant battre mon cœur comme un fou résonna, me demandant si j'étais perdu. J'aurais pu m'enfuir mais mes jambes avaient été tremblantes, comme aujourd'hui, face à ce vam... cet homme qui s'amusait visiblement à me tourmenter. Celui de mon souvenir, de mon cauchemar, s'était rapproché, encore et encore jusqu'à ce qu'il soit presque collé à moi et j'avais sentit des canines se planter dans mon cou, sans que je ne puisse bouger, pétrifié de terreur. Et après avoir entendu cette dernière phrase de sa part : " Bienvenue dans la famille. " et effondré par terre alors qu'il disparaissait d'un coup dans l'ombre, je perdis connaissance.

Et c'est après tout ça que je m'étais réveillé, alors que j'étais persuadé être mort. Et pourtant non, j'étais bien vivant mais me sentait... différent. Beaucoup trop différent. Retournant dans le moment présent, je baissais la tête, encore tremblant.

- A-Alors... C-C'est vrai...? Je suis vraiment un vam...

Je secouais la tête, toujours incapable de prononcer ce mot moi-même. Comment j'aurais pu pensé, ou croire, que c'était réellement possible ? Que les vam... que ces créatures -dont je faisais maintenant partie alors que je ne m'en étais pas rendu compte- existait réellement ? Définitivement perdu, je me relâchais et ne cherchais plus à tenir tête à ce vam... cet homme. Je n'étais plus qu'un pantin.

J'étais en proie à la panique. Toutes ces informations jeter avec amusement me faisait perdre de plus en plus mon sang-froid. Enfin, si on pouvait appeler ça du sang-froid. Cela faisait un petit moment maintenant que je me retrouvais face à lui, totalement démuni, avec le sentiment de n'être qu'une proie prise au piège du prédateur.

Et cette impression se confirma quand le prédateur en question se rapprocha, lentement, pas à pas, accentuant les battements affolés de mon cœur. C'était comme si j'étais destiné à revivre le souvenir inlassablement, même si aujourd'hui, ça ne se passait pas exactement de la même façon. Quand l'homme fut enfin très près de moi, je retenais mon souffle. Pourquoi je n'arrivais pas à m'enfuir ? Dois-je vraiment le laisser continuer à me faire du mal de la sorte.

Mon corps se mit à trembler -enfin, encore plus- quand je le sentis lécher la peau de mon cou mais à l'instant même où je sentis ses crocs se planter d'un coup dans cette partie, je cru que j'allais m'évanouir de frayeur ou que mon cœur allait exploser, tant il battait avec affolement. Incapable de prononcer le moindre mot, j'essayais bien de me libérer de son emprise, en lui donnant des coups avec mes mains mais mes maigres efforts étaient ridicules, je ressemblais à un insecte, à côté de lui.

Alors finalement, je ne pu que ressentir les larmes coulées sur mes joues alors qu'il continuait de me torturer de la pire façon qui pouvait m'arriver, j'étais totalement pathétique. Et après ça ? Qu'allait-il se passer ? Allais-je à nouveau être abandonné là, dans ces rues que je ne reconnaissais plus après avoir perdu la mémoire ce jour-là ? Allais-je devoir errer à nouveau mais avec ces images terrifiantes passant et repassant en boucle dans ma tête ? Ne sachant plus quoi faire, je cessais de me débattre inutilement, laissant retomber mes bras qui avaient tentés de le repousser, évidemment sans succès. A quoi bon ? J'étais coincé, pris au piège, sans défense et lui, il semblait s'en amuser.

Je suis ridicule, faible. Comme réellement croire que j'étais un vampire ? Je ne devais pas avoir changer beaucoup depuis ma vie d'avant. Si j'en avais eu une, de vie. En tout cas, elle avait dû être aussi pathétique que je le suis maintenant. Je devais certainement être le souffre-douleur, incapable de me défendre, attendant que l'humiliation s'arrête enfin pour rentrer chez moi sans un mot, sans rien dire à personne, continuant à encaisser les mêmes choses tout les jours. Comme aujourd'hui.

Tyki Mikk s'éloigna une fois qu'il fut repu. Le sang de ce gamin était un vrai délice, il allait devenir accroc à ce rythme...
Il avait dévoré sa peur autant que tous ses sentiments négatifs, il avait envie de le garder rien que pour lui, d'en faire ce qu'il désirait mais ce n'était sans doute pas une bonne idée...

Mais peut-être qu'il avait une autre solution, plus amusante...
Néanmoins son expression sembla devenir plus humaine, il était rassasié et se sentait bien mieux à présent, cette soif intense et cette haine qui l'avait envahit avaient à présent disparus, et c'était probablement mieux ainsi. Après tout il aurait bien pu le tuer en un instant ou le torturer par plaisir, seulement il n'avait pas envie d'aller jusque-là, il allait continuer à s'occuper de ce garçon comme il l'entendait, mais d'une tout autre manière.

-Je vais te laisser vivre... Comme je te l'ai dis tu n'es plus humain, tu es un vampire à présent, mais pas tout à fait. Le sang-pur qui t'as mordu n'a pas l'air de t'avoir donné du sang, ta situation va empirer, tu vas finir par devenir un monstre assoiffé de sang. D'ailleurs les level d comme toi on les exécute, les chasseurs de vampires vont venir te chercher et te tuer, mais je peux m'assurer de ta sécurité, en échange d'un peu de sang de temps à autres ~

Il lui sourit et avait étonnamment l'air plus amical, son visage avait reprit une expression neutre, ses muscles s'étaient détendus et il dépoussiéra nonchalamment son costume.

-Il y a une académie où les vampires et les humains vivent ensembles, mais plus encore il y a un professeur qui pourrait s'occuper de toi. C'est un vampire bien entendu mais j'ai entendu dire qu'il était plutôt étrange... Dans le sens pas du tout comme moi... Tu pourrais vivre chez lui, je ne pense pas qu'il te ferait du mal.

Expliqua calmement le vampire en costume qui semblait avoir reprit totalement ses moyens. Il regarda longuement Clyd et leur fit à nouveau traverser le mur. Une fois de l'autre côté il ramassa son chapeau ainsi que les pommes et lui en tendit une.

-Tiens, tu as besoin de force.

Il le guida ensuite vers une rue puis jusqu'à un grand immeuble au fond d'une cour qu'il désigna d'un coup de tête. Ce n'était pas vraiment ce qu'on appelait du luxe, loin de là, mais cela semblait être un endroit confortable tout de même.

-N'hésite pas à aller là si tu en as assez de la rue, tu le reconnaîtra tout de suite, il est... spécial d'après ce qu'on dit...

Ajouta Tyki en croquant un pomme, parfaitement calme pour une fois. Il sortit une montre à gousset argentée de sa poche et regarda l'heure d'un air distrait. Déjà ? Il avait perdu pas mal de temps avec ce gosse, il ne s'en était pas du tout rendu compte. Il allait être en retard, encore... Le comte serait furieux, tant pis...

Alors que je le sentis s'éloigner enfin de moi, juste un peu, je gardais les yeux baissés, terrifié à l'idée de le regarder droit dans les yeux. Ce qui venait de se passer, j'aurais préféré que ça n'arrive jamais mais c'était arriver. Est-ce que c'était ça, mon destin ? Me faire mordre par tout les vampires que je croise ? Ou plutôt, qui croisent mon chemin ? Finalement, après un temps d'hésitation, j'osais relever lentement les yeux pour le regarder et je remarquais alors son aspect plus détendu, comme si le simple fait de boire mon sang suffisait à le calmer. Mais le calmer de quoi ? Est-ce que tout les vampires étaient comme lui ?

J'écoutais alors ses paroles qui affluaient soudainement alors qu'il avait véritablement l'air d'être redevenu "normal", si je pouvais parler de son état de cette façon. A vrai dire, je ne savais pas comment décrire tout ça. Un monstre...? Est-ce que c'était vrai ? Cette idée ne m'enchantait pas, parce que ça devait vouloir dire que je pouvais faire du mal aux autres, alors ? Et ces chasseurs de vampire dont il parlait... Et s'ils pouvaient vraiment me tuer ? Et s'ils me trouvaient ? Qu'est-ce que je pourrais faire, contre eux ? Néanmoins, je ne savais pas si j'avais vraiment envie de conclure ce marché avec ce vampire... Tiens ? On dirait que j'arrive à prononcer ce mot, maintenant... Cela signifierait que j'allais devoir lui donner mon sang chaque fois qu'il le désirait ? Cela voulait dire, alors, que j'allais lui appartenir ?

Je soupirais. Avais-je vraiment le choix ? Si je refusais, ma vie finirait certainement par se terminer rapidement. Est-ce que c'était la solution ? N'aurais-je pas le droit d'avoir une vie, comme les autres ? D'en récupérer une alors que j'avais perdu celle de mon passé, peut-être à tout jamais ? Pour le moment, je ne disais rien, gardant mes réflexions pour moi et prit, avec encore de l'hésitation dans mes mouvements, la pomme que le vampire me tendait. Je la regardais longuement, je n'avais pas vraiment envie de croquer dedans. Besoin de force... Quoi, il se soucie de moi, maintenant ? Il a bien profiter de moi, de ma faiblesse et maintenant, il veut prendre soin de moi ? Ce n'est pas très logique, tout ça, quand même !

Je me contentais de le suivre, toujours sans toucher à la pomme. Mais pourquoi je le suivais ? Pouvais-je lui faire confiance après ce qu'il avait fait ? Bah remarque, il aurait pu m'ôter la vie, aussi... Il était bien plus fort que moi... Avec mes doutes en tête, je posais les yeux sur l'immeuble, au fond de la cour. Mouais, pas très engageant, tout ça... Et puis...

- Et puis quoi ? Vous voulez que j'entre dans cet immeuble et que je m'incruste chez cet homme ? Ce vampire ? Je ne le connais même pas, je ne connais personne ! Qu'est-ce qui me dit que je peux vraiment lui faire confiance ? Je peux pas m'incruster comme ça, c'est pas chez moi, ici ! Et puis je dois lui dire quoi ? " Bonjour, je suis perdu, j'ai aussi perdu la mémoire et quelqu'un que je ne connais pas, que j'ai rencontré qu'aujourd'hui, un vampire comme vous et moi, m'a dit de venir parce que vous pourriez vous occuper de moi " ?

Tout ça avait vraiment mais alors vraiment l'air idiot ! Mais c'est vrai que je ne savais pas quoi faire d'autres... Je n'avais nul part où aller, rien à faire et je n'étais, en plus, plus vraiment la personne que j'étais avant, même si je ne me souvenais même plus du Clyd d'avant... Alors est-ce que je dois faire ça ? Mettre ma vie entre les mains d'un parfait inconnu ? Hésitant, comme en plus, je ne savais plus où j'en étais, je fixais l'immeuble, n'osant pas faire un pas vers le bâtiment à plusieurs étages.

A mesure de passer du temps -même court- en compagnie de ce vampire, je le trouvais vraiment difficile à cerner. Il y a quelques secondes, il était terrifiant, me torturant émotionnellement et un peu physiquement aussi en buvant mon sang. Et là, d'un seul coup, voilà qu'il voulait m'aider ? ça devait cacher quelque chose, je ne pouvais pas penser un seul instant que l'envie de m'aider soit vraiment sincère. Après tout, ce n'était pas cet homme mystérieux qui avait dit qu'il pouvait me protéger mais en échange d'un peu de sang ? Certes, je devrais certainement être redevable pour toute cette aide, mais quand même...

J'observais longtemps l'immeuble à l'apparence pas très accueillante, longtemps encore après le départ plutôt rapide du vampire dont j'ignorais le nom. Il devait être occupé... Je regardais -donc- le vieux bâtiment avec quelques rétiscences. Mais est-ce que j'avais vraiment le choix ? Ou plutôt l'envie de refuser cette aide ? J'avais longtemps déambulé dans les rues au hasard, seul, totalement perdu. Et maintenant que l'opportunité se présentait de changer les choses, j'hésitais ? Ce n'était pas très logique, tout ça. Inspirant pour me donner du courage, j'avançais totalement jusqu'à la porte de l'immeuble. Mais une fois devant, mon hésitation reprit le pas sur ma conviction passagère. Je n'osais pas manifester ma présence. Peut-être que si j'attendais devant, je finirais par le voir sortir ? Ou le voir venir, il était peut-être pas là, après tout, ce professeur. Et puis, l'autre vampire a dit que j'allais facilement le reconnaître -ce qui m'étonnais puisque je ne connaissais plus personne depuis ma perte de mémoire- mais je n'avais pas le temps ni l'envie de chipoter sur ce détail.

Me laissant alors glisser le long du mur, juste à l'angle de la porte, pour m'asseoir à même le sol, je fixais la pomme que je tenais toujours dans la main, sans y avoir toucher. Maintenant qu'il l'a dit, c'est vrai que j'ai faim... Croquant alors dans la pomme -elle était vraiment délicieuse, c'était incroyable ! Mais peut-être que c'est parce que ça fait un moment que je me suis pas nourris ? En y repensant, je n'en avais pas ressenti l'envie, mais ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit que ce n'était pas normal- je pris donc le temps de la manger, de la savourer, espérant voir arriver ce professeur qui, selon les dires du vampire, était spécial. Je verrais bien.

Alors que le pauvre Clyd attendait à côté de l'immeuble, Tyki s'était trouvé un coin tranquille pour se changer. Si son côté sombre s'était amusé à le torturer, son côté lumineux avait lui envie de se faire un nouvel ami. Il enfila alors des vêtements débraillés qu'il avait stockés comme à son habitude à l'intérieur de lui, y rangeant à la place le costume, et mit une paire de lunettes aux verres épais afin de lui empêcher de le reconnaître, bien qu'à présent ses yeux étaient devenus marrons. Il détacha ses cheveux, les laissant retomber en un vrai fouillis, s'alluma une cigarette puis il fit demi-tour pour rejoindre Clyd.
Il avança tranquillement, ignorant volontairement le jeune homme puis arrivé à son niveau, alors qu'il mettait la clé dans la serrure il posa son regard sur lui et lui adressa un grand sourire amical.

-Yo !

Lâcha l'étrange homme négligé tout en levant une main pour le saluer. Il avait l'air de ne pas comprendre ce que cet inconnu faisait là, assis devant l'immeuble.

-T'as perdu les clés de l'immeuble ? J'espère que t'as celles de chez toi gamin, ou alors que ta mère est à la maison. C'est elle que tu attends ?

Demanda le vampire, jouant parfaitement bien la comédie. Il lui ouvrit la porte et haussa un sourcil en voyant qu'il n'entrait pas, comme surpris par une telle attitude.

-Tu ne viens pas à l'intérieur ? Tu préfères attendre ta mère je suppose... Je vais l'attendre avec toi ! Au fait, je m'appelle Joyd, et toi ?

Il laissa la porte se refermer et prit place sur les marches assis à côté de lui. Il lui tendit sa cigarette avant de se rappeler qu'il était mineur et se passa une main sur le visage avant de reprendre son activité qui consistait à inhaler de la fumée toxique du tabac.
Soupirant il leva les yeux au ciel, il faisait beau, très beau même et voir les oiseaux danser dans ce magnifique bleu azur l'apaisait. Il n'y avait qu'un ou deux nuages, d'un superbe blanc cotonneux, aussi pur que la neige.
Cessant ses rêveries, il baissa le regard et remarqua une pièce par terre qu'il ramassa d'un geste vif, la mettant immédiatement dans sa poche. Puis il la ressortit au bout de quelques minutes, semblant s'ennuyer et se mit à jouer avec.

Je sursautais en entendant un " Yo ! " et leva la tête tout en me relevant précipitamment. Un nouveau danger ? Je fixais le nouveau venu. Des vêtements débraillés, des lunettes aux verres épais cachant les yeux de mon interlocuteur, des cheveux en fouillis... Ouais non, il n'avait pas vraiment l'air dangereux, celui-là, rien à voir avec le vampire de tout à l'heure, c'était clairement pas le même niveau. Du coup, je comprenais mieux le "spécial". Je me perdais un peu dans ce flot de paroles, n'arrivant pas à en placer une, dépité. Quand finalement le supposé professeur finit par se taire, j'étais un peu gêné.

" Euh, je... Moi, c'est Clyd mais euh... Non, je... J'habite pas ici, j'ai pas de maison, d'ailleurs, et pour ce qui est d'une mère, je ne sais pas... "

Et voilà, je balbutiais et me perdais dans mes mots. Je devais pas oublier pourquoi j'étais là, assis sur ces marches en compagnie de ce professeur que je trouvais déjà bizarre.

" En fait, euh... C'est... C'est un autre vampire qui m'a dit que vous accepteriez peut-être de me loger, mais euh... Je... Je veux pas vous déranger, être un poids... Vous... Vous n'êtes pas obligez d'accepter... "

Bon, en vérité, j'espérais intérieurement que si parce que, s'il refusait, je retournerais dans la rue, à tourner en rond et à être invisible aux yeux des passants. C'était pas très génial, comme programme et, après ce que m'avait dit cet autre vampire, peut-être qu'il serait mieux que je ne reste pas seul et livré à moi-même, si j'allais vraiment devenir le monstre qu'il prétendait... Bon, ok, j'étais un peu sceptique, face au professeur. Il n'avait pas l'air méchant mais il était vraiment bizarre et c'était quand même pas très rassurant.

-Oh, alors que fais-tu là mon garçon ? Ce n'est pas un endroit très fréquenté et encore moins facile à trouver.

Demanda l'étrange vampire en le regardant dans les yeux, les siens cachés derrière ses lunettes. Visiblement il ne l'avait pas reconnu, tant mieux. Maintenant il allait pouvoir laisser son côté lumineux s'exprimer et prendre un peu soin de ce garçon qu'il avait malmené. Après tout lui ne lui avait rien fait, il lui devait au moins ça. Cependant il ne regrettait absolument pas ses actes, le faire souffrir et le malmener avait été un véritable plaisir pour le vampire qui ne s'était pas gêné de s'en délecter.

-Ah, je vois de qui tu parles, c'est vrai qu'il est spécial... Il fait toujours n'importe quoi et après c'est à moi de m'occuper de ses bêtises. Si seulement il apprenait à se contrôler... Ne t'en fais pas mon grand, tu n'es pas un poids. Ce n'est pas très grand chez moi mais tu peux venir, ce serait un plaisir.

Il lui adressa un sourire enjoué et sincère avant de l'aider à se relever, ouvrant la porte de l'immeuble de ces clés avant de se diriger vers son appartement dont il ouvrit également la porte, invitant Clyd à passer devant. L'endroit était plutôt petit, vétuste même. L'entrée donnait sur le salon qui comportait un canapé et une vieille télévision. Juste derrière cette dernière se trouvait un comptoir en bois avec des chaises hautes et derrière ce dernier la cuisine, petite, mais regroupant le nécessaire pour cuisiner de bons petits plats. L'ensemble de l'endroit était propre et ce malgré la vaisselle qui traînait dans l'évier, le professeur n'ayant vraisemblablement pas eu le temps de la faire avant de partir travailler.

-Au fait, tu es un vampire aussi, non ? Tu veux boire quelque chose ? J'ai des bloods tablet, du jus de fruit...

Le professeur posa son sac, une sorte de baluchon en mauvais état et se dirigea vers les placards de sa petite cuisine où il commença à se préparer un café. Il laissa volontairement le jeune homme faire ce qui lui plaisait pendant qu'il s'affairait à la tâche et cherchait des biscuits dans un des vieux placards dont les portes grinçaient lorsqu'il les ouvrait.

Après être entrer dans la "demeure" du professeur un peu étrange, je me demandais d'ailleurs comment ses élèves le percevaient la première fois qu'ils le voyaient, mon regard s'attarda un peu partout mais discrètement, histoire de ne pas paraître impoli. L'endroit était simple mais propre et bien ranger, malgré la vaisselle qui traînait mais peut-être n'avait-il pas eu le temps d'y toucher. Mais en vrai... J'aimais bien cet endroit, je le trouvais calme, apaisant et c'était quand même mieux que d'être dehors.

Je n'osais pas répondre à sa proposition de boire quelque chose, parce que... Qu'est-ce qu'un vampire pouvait réellement boire, en vrai ? S'il me proposait du jus de fruit, c'est que je devais pouvoir en boire, mais... Non, je n'osais pas. Et ce qu'il appelle les "blood tablets"... Qu'est-ce que c'était ? Du... faux sang ? Ou du vrai...? Rien que le nom ne m'inspirait pas confiance, je me voyais pas boire le liquide rouge vital, je n'arrivais même pas à réellement accepter le fait que je sois un vampire...

Du coup, je restais planter là, à le regarder fouiller dans un des placards dont les portes grinçaient. J'étais gêné, mal à l'aise, tout ça était quand même aller un peu trop vite, me dire que j'étais un vampire et tout ce qui a suivit par la suite. Soudainement, petit à petit, je le sentais, je sentais que j'avais... Que j'avais quoi, au juste ? Cette sensation que je ressentais dans la rue, sans pouvoir poser un nom dessus, celle qui me donnait envie de me jeter sur n'importe quel être humain qui passait à proximité de moi.

Instinctivement, je serrais mes bras autour de moi et baissais la tête, le cœur battant, comme si ce simple geste pouvait faire taire cette... soif ? Oui, c'était le mot. Car j'étais un vampire. Je ne pouvais plus le nier. Mais comment pourrais-je l'accepter ?

Le professeur tourna son regard vers le jeune homme, un léger sourire quelque peu compatissant aux lèvres.
Il prit deux comprimés qu'il fit tomber dans un verre d'eau et observa le liquide devenir peu à peu rouge d'un air appréciateur.
Il s'approcha de lui sans brusquerie et lui tendit le verre doucement, il avait cette expression sympathique sur son visage qui semblait rarement le quitter.

-Tiens, bois ça, ça va te soulager.

De toute évidence ce vampire qui s'ignorait souffrait de sa soif, il aurait besoin d'apprendre à vivre avec pour pouvoir la maîtriser et la supporter.
Il balaya la pièce d'un regard rapide, se gratta l'arrière de la tête et s'étira légèrement.
Que pouvait-il faire de plus à présent ? Était-ce vraiment une bonne idée de le faire venir ici ? En connaissance de son problème de contrôle de sa partie sombre, sûrement pas.
Mais il ne pouvait le laisser dehors après s'être servit sur lui de la sorte, sa partie claire ne le souhaitait pas. Aaaah, que c'était complexe d'être simplement lui...
Il allait lui préparer quelque chose, même si ça ne le nourrirait pas de la même manière que du sang, il pouvait encore profiter de la nourriture humaine, de ses saveurs, et c'était déjà ça.
Tyki se dirigea vers la cuisine et cassa des œufs, préparant une omelette avec un peu de pomme de terre et de champignons. Il surveillait le jeune garçon du coin de l’œil, s'assurant qu'il allait bien, vérifiant qu'il prenait bien les blood tablet et soupira légèrement.
Bon, ça ne devrait pas être trop compliqué à gérer...

Je fixais le liquide à la teinte rouge, dans un verre, qui avait fini entre mes mains. Il espérait vraiment que je boive ça ? Je l'avais regardé le préparer, et c'est vrai que ça m'avait fait penser aux médicaments à mettre dans l'eau que l'on prenait, nous, humains. Enfin, eux, je veux dire... Mais cette couleur rouge... me répugnait... Je n'avais qu'une envie, c'est de poser ce verre n'importe où, loin de moi, alors que cette soif désagréable continuait à se propager dans tout mon être. D'un côté, cette boisson étrange avait beau me répugner, me donnant presque envie de vomir, elle m'attirait aussi, inexplicablement. Ou pas. Mais... Je ne pouvais pas.

" H-Hors de question que je boive ça ! "

Je tenais maintenant l'objet de mon mal être à bout de bras, comme si c'était un animal dangereux qui pouvait me sauter dessus. Moi, boire ça ??? Hors de question !!! Et si je devais vraiment le boire, eh bien, il n'avait qu'à me forcer, moi, je ne le ferais pas ! Selon ses dires, ce liquide rouge est sensé me faire du bien mais c'était plus fort que moi. Toute cette histoire était vraiment allée trop vite pour moi et je ne me sentais pas prêt.

En revanche, la bonne odeur d'omelette préparée avec des pommes de terre et des champignons m'attirait beaucoup plus. Ça au moins, c'était logiquement quelque chose de comestible que je connaissais et qui n'avait aucun aspect ou couleur bizarres. Indécis, je ne savais pas quoi faire. J'avais toujours le verre plein dans les mains, sans y avoir touché. Est-ce que je devais le poser loin de moi, n'importe où ? Mais et si ça vexait cet homme, je veux dire, ce vampire, qui prenait la peine de m'accueillir spontanément chez lui alors qu'on ne se connaissait pas ? Ce serait impoli, non ? Aaaah, je ne sais pas ce que je dois faire ! Vraiment gêné, j'avais le cœur battant, beaucoup de contradictions m'empêchaient de prendre une décision claire. Et cette soif qui était toujours là... Je me sentais piégé, minuscule au milieu de cette pièce pourtant pas si grande que ça. Et dire que ce n'était que le début de mes tourments...