Killian Norowa
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Feuille de Personnage Double-compte : Elwin Morigan ; Christopher Archer | Sujet: Alexander Vladimir Celas ou le démon écarlate Jeu 1 Fév - 0:35 | |
| Ce qui suit est le fruit de mon travail autour du personnage de Killian mais pas présentée sous sa vision déformée de la réalité. Il n'est toutefois pas Le personnage principal mais l'un des protagonistes. En effet, je me suis concentré autour du bien nommé Alexander Vladimir Celas, son grand père et ascendant vampirique de sang pur.
L'on retrouve entre le prologue et le premier chapitre des points avancés dans la fiche de présentation de Killian mais avec quelques différences, quelques remaniements. Je ne vais toutefois pas m'amuser à modifier au gré de mes envies (et donc déranger un administrateur) à chaque fois la fiche de présentation et me contenterai de vous faire part, en ce petit post baveux de mots, des avancées. Vous pourrez alors en découvrir un peu plus sur ce petit sacripant ayant regagné les rangs des élèves de l'Académie Cross mais aussi sur sa famille.
Si jamais il y avait des contradictions avec ce qui est avancé dans la présentation, je vous invite à considérer la fiche comme un portrait grossier relatant l'existence de Killian telle que celui ci se l'imagine dans son déni. Le texte qui suit est, au moins pour le prologue et le premier chapitre, la base définitive de Killian, sauf, évidemment, si des points déplaisent au point que l'on m'invite à les modifier !
Libre à vous de donner votre avis, positif comme négatif, ou poser vos questions, en réponse à la suite ou en mp forum ou discord ou sur le salon discord.
- Alexander Vladimir Celas ou le démon écarlate:
Prologue Alexander Vladimir Celas traversait la forêt noire, sous le regard de la Lune qui, cette nuit-là, avait pris une teinte rousse, l’une de ces nuits qui aiguisaient ses sens et lui apportaient son lots de mélancolies et nostalgies. Et pourtant le vampire souriait d’un air féroce, c’était, pour lui, une nuit magnifique, semblable à celle où il avait ôter la vie au meurtrier de sa fille, sa douce Lilith, la seule chose en ce monde à laquelle il avait réellement tenu depuis la mort de épouse, Oriane Celas, une lointaine descendante dont la pureté du sang n’égalait que sa beauté. Il se souvenait encore de l’époque où sa fille parcourait la nuit, vêtue d’une robe légère, du même bleu que ses yeux en amandes, aussi pâle que la Mort, aussi belle que l’Aurore, riant et souriant sans cesse, dansant d’un pas léger, insouciante des dangers qui attendaient, tapis dans les ténèbres. Mais ce n’était plus qu’un lointain souvenir dans une vie trop longue. Elle était morte à cause de sa négligence, de l’une de ses rares erreurs. Il avait depuis longtemps consumé sa vengeance et il se rappelait avec mélancolie ces jours sombres.
Cela avait commencé au milieu du XIXe siècle, sur les rives du Rhin, lorsqu’il avait annoncé à sa fille qu’après une dernière épreuve, il la laisserait enfin en paix et qu’il s’en irait goutter à un long repos dans un sommeil de mort. Il était alors las de ce monde qui ne semblait plus pouvoir l’émouvoir, où il semblait avoir tout connu, tout vu et l’idée de connaître la mort lui semblait la chose la plus agréable qui puisse lui arriver. L’épreuve qu’il avait concoctée était fort simple : elle se rendrait dans un village perdu peuplé de vampires de rang D à E auxquels il avait donné naissance dans ce seul but et elle devrait mettre un terme à cette prolifération. Toutefois une telle épreuve n’était rien pour un sang pur aussi ce n’était là qu’un prétexte pour cacher ce qu’il lui réservait vraiment : apprendre à craindre les chasseurs à leur juste valeur et pour cela il en avait soigneusement éliminé trois, afin d’attirer l’attention de la Guilde là où il le voulait, semant assez d’indices pour qu’ils envoient plus d’un chasseur sur les lieux, ce qu’il avait obtenu. Il avait observé la progression des chasseurs depuis leur départ jusqu’à leur arrivée, prenant soin à rester hors de leur portée pour ne pas éveiller leur méfiance puis il s’était trouvé un point d’observation et avait observé les évènements se dérouler.
Quelques jours auparavant les quatre chasseurs avaient reçus l’ordre de la Guilde de se diriger vers le village et de mettre un terme à la menace vampirique qui s’y trouvait. L’un d’eux était Yuri Crow, un chasseur d’une quarantaine d’année pouvant se montrer redoutable et dont l’égo était si démesuré qu’il considérait qu’il pouvait s’occuper seul d’un village de vampires de bas niveaux. L’un des trois autres était Vlad Archer, un être sans honneur, perfide et sans parole, et était celui qui ferait obstacle aux plans du vampire. Tout du long du trajet, Yuri Crow avait regardé ses confrères discutaient et se vantaient de leurs exploits, ne prêtant que peu d’attention à ceux qu’ils pouvaient dire, ne remplissant plus son rôle pour sa gloire personnelle mais seulement parce que c’était la seule chose qu’il savait faire, la seule qui donnait un sens à sa vie qui lui semblerait bien morne autrement. Pour cela certains parlaient de lui comme l’apathique, le sans-âme car il avait l’air de ne rien ressentir, de se moquer de tout, même de la guerre sans fin que chasseurs et vampires se livraient depuis si longtemps. Il n’avait de ce fait que peu d’amis, le seul étant sans doute son cadet de deux ans, Archer. Contrairement à ses compagnons, Yuri prenait soin de dissimuler son arme anti-vampire aux yeux des humains, tant parce qu’un vampire pouvait se cacher parmi eux que parce qu’il y avait plus de chance d’attirer la méfiance si l’on était armé ; les autres arboraient ostensiblement leurs armes, des pistolets ou des fusils, des armes qui, pour lui, était dépourvue de la moindre noblesse, qui était fait pour les pleutres et les faibles, qui diluaient l’esprit de la chasse. Mais ainsi le monde semblait devoir évoluer et, comme il se le disait souvent, bientôt, il ne serait plus qu’un vestige du passé, comme l’était son arme, une épée longue et effilée au pommeau sculpté en une tête de dragon.
A peine furent ils arrivés à destination que les chasseurs se dispersèrent, commençant à massacrer les vampires en ignorant la présence de la sang-pure qui, depuis une heure, prenait son temps pour exécuter les créatures de son père, n’usant pas de son autorité de sang pur, refusant de se faciliter la tâche, déjà trop facile à son goût. Toutefois, très vite, elle remarqua la présence des nouveaux arrivants et elle abandonna ses proies initiales pour fondre sur les chasseurs, commençant par Vlad qui était le plus isolé, le blessant grièvement avant de l’abandonner, le pensant mort ou au moins mourant et elle se dirigea vers un autre qui rodait près du cimetière. Hélas celui-ci ne se laissa pas surprendre et il lui décocha un tir dans le flanc avant de courir vers la place de l’église, située vers le centre, en hurlant pour ameuter ses compagnons, la vampiresse sur ses traces, folle de rage d’avoir été ainsi blessée par une de ses maudites armes. Et, que l’on soit humain ou non, se laisser dominer par ses sentiments pousse à commettre des erreurs ; une leçon que Lilith apprit sans plus attendre lorsqu’un violent coup de crosse la frappa à l’arrière du crâne, la faisant tomber sur le sol bourbeux à cause de la pluie qui tombait sans discontinuer depuis l’aube. Lorsque la douleur se dissipa, elle commença à se relever, s’arrêtant lorsqu’elle vit la gueule du fusil pointé sur son visage et que quelqu’un braquait un autre dans son dos en disant dans un rire mesquin au second :
« Hey ! Regarde ça ! Une sang-pure ! « Laissez-moi partir ! » feula Lilith tandis que Yuri Crow arrivait par le sud en courant, couvert du sang de ses victimes, furieux de voir ce que les deux autres s’apprêtaient à commettre, ne voulant pas voir le conflit s’envenimer du fait de la mort d’un sang pur. « Qu’est-ce que vous croyez faire bandes d’imbéciles ! » leur hurla Crow lorsqu’il fut à portée de voix, s’arrêtant à moins de deux mètres d’eux. « Tuer une saloperie de vampire ! » lui répondit celui qui tenait le fusil en armant la gâchette avant de regarder d’un air bête ses mains tomber au sol avec son fusil puis Yuri qui, d’un mouvement ample, faisait tournoyer sa lame, l’abattant sur l’autre chasseur avant de décapiter celui qui lui avait répondu sous le regard surpris de la vampiresse et, dans les lointains, le rire d’Alexander. « Pourquoi ? » demanda après quelques secondes Lilith, s’attendant à être tuée à son tour mais le chasseur remit son arme en fourreau d’un air las alors que Vlad arrivait en se trainant, s’appuyant sur les murs, titubant, comprimant de sa main sa blessure. « Yuri ! Qu’as-tu fait !? » demanda Archer à son vieil ami, le seul qui ne l’avait jamais méprisé ouvertement, qu’il avait élevé, dans son esprit, au rang de dieu vivant, admirant son intégrité et ses exploits. « C’est terminé Vlad. Rentre à la Guilde, dis leur que je suis mort. « Tu veux aider une vampire ! Es-tu devenu fou ? « J’en ai assez de cette guerre, de ce que nous sommes devenus. Ce n’est pas ainsi que la guerre prendra fin. Rends-moi ce service mon ami, ment pour moi. « Non ! Nous avons une mission ! « Ne m’obliges pas à te tuer, Vlad, ne m’obliges pas… « Meurt traitre ! » hurla Vlad en levant son pistolet, le bras tremblotant, la tête tournant à cause du sang qu’il avait perdu. « Qu’il en soit ainsi. » murmura Yuri Crow en ramassant d’un geste vif une grosse pierre qu’il lui jeta à la figure, le touchant au front, l’assommant par là même. Puis il banda les plaies de son vieil ami, pensant qu’avec le temps il comprendrait son choix. Une fois cela fait, il leva les yeux au ciel et esquissa un sourire idiot, se demandant qu’elle ironie du destin avait fait qu’il tombe un jour amoureux d’une vampire qu’il avait vu au sommet d’une colline alors qu’il manquait de se faire étriper par des bandits, et qu’il sauve la vie de cette même vampiresse qui l’avait abandonné à son sort autrefois. Et, après un dernier regard pour son ami, il se retourna vers la jeune femme, l’invitant d’un geste à le suivre ; il n’y avait plus de raison de s’attarder ici plus longtemps. Lorsqu’ils furent loin du village Lilith posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs heures. « Pourquoi ? « Il n’y a pas de raison. Je suis simplement las de cette guerre sans fin. Je n’arrive même plus à savoir si je suis dans le bon camp… « Nous nous sommes déjà croisés il y a près de vingt ans… Vous peiniez à lutter contre des hommes sur les bords du Rhin. « Je sais, l’on ne saurait oublier une vision aussi belle et effrayante que celle que j’eu cette nuit-là. » répondit Yuri avec un sourire qui jeta un bref regard vers l’Est, frissonnant un instant quand il croisa, sans le savoir, le regard d’Alexander Vladimir Celas qui riait de plus belle de ce qu’il venait de se produire. Le vieux vampire avait pensé donner une leçon à sa fille en lui faisant découvrir le danger qu’était les chasseurs mais il n’avait fait que permettre à sa fille de tomber dans les bras d’un chasseur, créant ainsi, sans l’avoir voulu, les conditions nécessaires à la venue d’un être digne à ses yeux de lui succéder, un véritable monstre ni vampire ni humain mais surtout le pont qui pourrait prouver que les deux espèces pouvaient cohabiter sans une guerre incessante si, du moins, il était convenablement éduqué.
Depuis ce jour les années étaient passées, Yuri Crow et Lilith Celas ne s’étaient jamais quittés, disparaissant aux yeux de leurs pairs dans les Alpes où, dans un chalet, ils vivaient une vie presque normale. Après quelques années de vie commune, elle lui avait donné un fils, ni humain ni vampire, qu’elle nomma Killian, lui transmettant le nom des Celas, pensant qu’ainsi les moins téméraires se tiendrait à l’écart, de crainte de voir s’abattre sur eux la fureur du père de la vampiresse qui, elle l’avait cru le remarqué, venait parfois les observer mais sans jamais chercher à les éliminer, comme s’il cautionnait sa trahison. Toutefois, alors que son fils avait trois ans, l’ancien chasseur, en rangeant un après-midi les derniers livres qu’il avait lu sur une bibliothèque branlante, manqua de tomber du tabouret et, par réflexe, s’agrippa à l’étagère qui s’effondra sur lui sous son poids, lui brisant les os du dos et des jambes. Des heures durant il regarda le soleil déclinait, disparaissant derrière l’horizon, se demandant s’il tiendrait jusqu’au réveil de sa douce compagne et lorsqu’il la vit arriver il pensa rêver tant tout sembler aller vite. Elle projeta l’étagère à l’autre bout de la pièce qui explosa sous le choc, le retourna en douceur en l’appelant par son nom, se penchant vers lui, sortant ses crocs, désireuse de le sauver, mais il l’arrêta, posant sa main sur sa joue en esquissant un sourire douloureux, lui disant d’une voix faible, cassée, de le laisser mourir en chasseur, de lui laisser ce qu’il restait de sa fierté, de veiller sur leur enfant et, enfin, après cinq heure d’attente, Yuri Crow laissa échapper son dernier souffle.
Quatre ans plus tard, Killian regardait les ombres dansaient au plafond de sa chambre, écoutait le vent gémir entre les arbres, les loups hurlaient, annonçant la venue d’une créature de la nuit, quand une puissante odeur de sang arriva à ses narines et qu’il sentit la présence d’une autre créature, quelque chose qu’il connaissait sans connaître. Silencieusement, il quitta son lit, descendant l’escalier en prenant soin de ne pas le faire grincer, suivant l’odeur ferrugineuse du sang jusqu’à la cuisine où il vit sa mère tombant lentement vers le sol tandis qu’un homme se relevait et se tournait vers lui, les yeux rougeoyants et malsains. A cette époque Killian ne le connaissait pas encore mais c’était Vlad Archer, ou du moins ce qu’il en restait depuis qu’Alexander l’avait laissé pour mort, après l’avoir vidé de son sang, ne supportant pas de le voir roder si proche de sa fille. Mais désormais il n’était plus qu’une bête assoiffée de sang, désireuse de se venger de celui qui avait fait de lui un monstre. Il regarda fuir le jeune garçon, lui laissant quelques secondes avant de se lancer à sa suite, traversant le couloir pendant que l’enfant décrochait un fusil dans le salon et lui tirait dessus mais ce n’était que de vulgaires plombs, à peine plus douloureux qu’une piqure d’insecte, et, sans le moindre mal, il le souleva et l’envoya contre un mur, lui faisant ainsi perdre connaissance. Vlad s’apprêtait à vider de son sang le garçon lorsqu’il remarqua que quelque chose approchait, quelque chose qui dégageait une telle aura meurtrière qu’il ne s’attarda pas et prit la fuite, trop tard pour ne pas être vue mais assez pour que le sang pur ne le laisse s’échapper, plus occupé par le fait que sa fille soit blessée que par son assassin qui ne saurait bien longtemps lui échapper. Ainsi Alexander arriva-t-il juste à temps pour voir sa progéniture disparaître dans une myriade de cristaux lumineux. Il ne prononça pas un mot mais la flamme qui, autrefois, lui avait valu le surnom de démon écarlate se ranima. Dans le salon, il trouva son petit-fils qui se réveillait lentement et qu’il replongea aussitôt dans le sommeil avant de le conduire à l’auberge d’un village voisin, emportant seulement l’épée de Yuri Crow qui reposait dans son fourreau sur une commode depuis sa mort ; ce n’était pas pour lui mais pour l’enfant, c’était son héritage et il en aurait besoin dans l’avenir. Puis il parcourut la nuit, cherchant Archer mais celui-ci était déjà loin et l’aube approchait alors Alexander retourna auprès de l’enfant, attendant son réveil.
Lorsque l’enfant reprit connaissance, il lui annonça la mort de sa mère, lui promit de retrouver le tueur, acceptant de lui apprendre à chasser les vampires, à user de toute sa puissance, à maîtriser les ombres et c’est ce qu’il fit pendant les vingt années qui suivirent, donnant naissance au monstre qu’il avait espéré puis, enfin, il le laissa participer à la traque de Vlad Archer. Et ensemble ils le retrouvèrent et, pendant le combat, Killian apprit que le tueur de sa mère n’aurait jamais existé si le sang pur n’avait été là, s’il n’avait fait de lui un vampire et ne l’avait laissé vivre. Mais le pire était sans doute qu’il était presque la même créature que l’assassin de sa mère, si ce n’est qu’il faisait partie de l’aristocratie alors que Vlad était de la plus basse classe vampirique. Savoir cela le perturba tellement que, pour se défendre des sentiments qui l’assaillaient, il se mit à réfuter sa nature de vampire, se convainquant être un simple humain originaire d’une famille de chasseur, refusant à partir de cet instant de reconnaître et accepter la vérité. Voyant cela, Alexander arracha d’une main le cœur de Vlad, resserrant le poing dessus jusqu’à ce qu’il éclate puis il fit usage de l’un de ses dons pour endormir son descendant qu’il ramena chez lui. Les jours suivant, Killian ne montra aucun signe d’amélioration, commençant à réécrire ses souvenirs, changeant les faits pour qu’il concorde plus aisément à son mensonge. Et ainsi, à ses yeux, le fondateur des Celas devint Vlad Archer, le maître qui l’avait formé pour qu’il puisse le venger et l’assassin de sa mère un simple vampire. Il oublia que le véritable Vlad était mort et il inventa certaines conversations qu’il aurait eues avec son maître fictif, se fondant sur celles qu’il avait réellement eu avec son grand-père, revivant lentement les jours et les années qui avaient précédé la traque, oubliant son âge véritable, restant enfermée dans un manoir du vieux vampire perdu dans les contreforts des Alpes, et près de cent ans parurent être à peine deux années. Alexander Vladimir Celas avait renoncé à lui faire entendre raison, continuant de le visiter, s’assurant que son état n’empirait pas, le laissant, lorsque l’enfant en montra la volonté, rejoindre l’Académie Cross, espérant que quitter les montagnes et côtoyer des vampires ranimeraient sa mémoire mais ce n’était qu’un vague espoir.
L’entrée à l’Académie par son petit-fils en tant qu’humain, un mensonge que le sang pur doutait pouvoir tenir longtemps, d’autant qu’il avait décidé de l’obliger à affronter la réalité en cessant, en se gardant bien de l’en prévenir, de le fournir en tablettes de sang, qui, pour Killian, n’était qu’un médicament pour calmer ses crises de stress et que le sang pur voyait comme les tentatives pour sa vraie nature de déchirer le voile de mensonge, devait s’être produite à cette heure et Alexander se demanda combien de temps le gamin tiendrait sans les cachets pour étouffer sa soif. Il devait lui rester de quoi tenir un mois s’il ne multipliait pas les prises comme il en avait pris la fâcheuse habitude ; dans le meilleur des cas il tiendrait deux mois avant de devoir trouver une solution qui, Celas l’espérait bien, le conduirait à faire face. Toutefois pour l’instant ce n’était qu’un détail secondaire, parcourir les lieux de son passé, une manière de se rappeler ses erreurs et de ne pas oublier totalement sa fille.
Chapitre 1 : Un relent de mensonge Lecteur averti, prend garde ! Ceci n’est point le récit fidèle des faits tels qu’ils furent réellement mais tels que Killian Celas voulut les percevoir pour se conformer à son déni de tout ce qui le rattachait aux créatures de la Nuit.
Dans sa vie rêvait, il vivait dans un manoir agréable, seul, ne recevant pour toute visite que celle de son maître, Vlad Archer, un chasseur étrange qui lui avait promis de l’aider à se venger du vampire qui avait tué sa mère, une simple humaine. La dernière fois qu’il avait vu son maître, celui-ci était resté sur le pas de la porte, au milieu d’une flaque d’eau qui dégoulinait de son pardessus en cuir verdâtre, une nouvelle cicatrice sur la joue gauche, des cheveux blanchis avec l’âge, le bras gauche manquant -il avait alors supposé qu’il l’avait perdu au cours d’une confrontation contre un vampire- mais pour le reste c’était le même homme d’un mètre quatre-vingt au visage froid et sévère, guère plus souriant qu’une hideuse gargouille grimaçante, qui le regardait de ses yeux bleus glaciers, enfermant des noirceurs insondables. Killian se souvenait du jour où, alors qu’il n’avait qu’une douzaine d’années, cet homme l’avait jeté dans l’antre d’un level E avec un poignard. Il avait failli y mourir mais la chance avait voulu qu’il s’en sorte victorieux, sans qu’il ne puisse dire comment il s’y était pris. La seule chose dont il était sûr c’est que depuis de nombreuses choses avaient changé, qu’il n’était plus réellement le même. Après quelques instants ils avaient échangés quelques mots, certaines phrases de Vlad n’avait aucun sens pour le jeune homme, d’autres il les inventait simplement.
« Maître Vlad. » dit Killian en posant le pied sur la dernière marche, laissant pendre sa main gauche le long de son corps, prêt à se saisir du poignard qu’il gardait en permanence sur lui, sous sa veste. « J’ai appris que tu comptais rejoindre l’académie Cross. « Que voulez-vous, maître ? » rétorqua froidement Killian, ne supportant pas de se retrouver en présence de son ancien maître qui ne sembla pas relever son impolitesse même s’il était difficile de dire ce qu’il pensait tant il avait naturellement un air mal luné. « Te rappeler qui tu es et pourquoi tu existes. « Je ne suis pas un chien qui se jette sur les os selon votre bon vouloir ! « Mais tu abois comme tel ! » lui répondit avec un sourire malaisant Vlad. « Si c’est la seule raison de votre présence, partez. « Tu ne pourras pas toujours fuir. Mais tu as raison, je n’étais pas ici pour te dire ce que tu devais faire… Il est réapparu en Europe il y a deux mois. « Où ? « Dans la Forêt Noire, en Allemagne. J’ai rapidement perdu sa trace. « Merci de cette… Nouvelle, maître. » répondit Killian avec une discrète grimace alors que son maître sortait déjà, repartant affronter le mauvais temps, le laissant là où il s’était arrêté, les yeux perdus dans le vague.
Alors qu’il s’éloignait sur le sentier bourbeux, Alexander avait jeté un bref regard derrière lui aux murs de ce que l’enfant considérait comme un manoir mais qui n’était rien d’autre que la vieille chaumière de ses parents. Elle tombait à moitié en ruine, le marbre n’était que le bois lissé par les ans, les escaliers produisaient des craquements sinistres, certaines salles étaient poussiéreuses, envahies par des toiles d’araignées depuis longtemps délaissées par leur propriétaire. La bâtisse était comme son occupant, ancienne et délabrée, difficile et longue à reconstruire mais le sang-pur avait bon espoir d’y parvenir, en un, dix, cent ou mille ans, le temps n’avait guère d’importance. Mais, peut-être pour la première fois depuis que Killian était ainsi, il pensait l’heure de son retour, de son réveil proche ; il montrait enfin l’envie de quitter cette ruine, de suivre l’idée qu’il lui avait pendant si longtemps suggéré : regagner le monde. Qu’il ait choisi l’Académie Cross ne l’étonnait guère, cela avait été le sujet de l’une de leurs dernières « discussion », s’il pouvait appeler cela ainsi. C’était une bonne chose selon lui, entre la privation prochaine des tablettes de sang, l’appel du sang qui reviendrait à l’assaut, les humains qui pulluleraient dans un espace restreint, les quelques chasseurs qui traînaient entre les murs de l’Académie et, évidemment, les vampires de la Night Class, il y avait plus qu’assez de choses pour l’obliger à arrêter ses bêtises et reprendre son rôle dans la comédie du Destin.
A présent voici quelques poèmes du pauvre. Ils n'ont certes pas été écrit spécialement pour le sieur Celas mais ils n'en seront pas moins très bien pour illustrer son œuvre ! J'ai traduit certains en anglais, je les mets aussi car tel est mon bon plaisir ! Je ne prétends pas, pour la chose, avoir grand talent, Aussi, pauvre fou, craignez que vos yeux finissent en sang !
- Recueil de la Lune rousse:
- Lourd est mon coeur:
Lourd est mon cœur, Noir est mon âme. Depuis longtemps j’ai quitté ma demeure, La laissant en proie aux flammes.
Je suis fatiguée, je veux dormir. J’ai brisé mes serments, je me suis perdue. Hors des sentiers, une lumière perdue, J’ai trouvé. Je peux enfin partir.
Lourd est mon cœur, Noir est mon âme. Depuis longtemps j’ai quitté ma demeure, La laissant en proie aux flammes.
Le cœur sombre, j’ai pris la mer. L’âme en lambeau, j’ai quitté le port. Mais le vent a balayé mes pleurs La mer a bercé mon cœur, Sur les flots, j’ai trouvé la paix. Une vague à emporter ma tristesse. Je ne suis plus effrayée par les ténèbres, Car je vois la lumière des étoiles.
Le cœur joyeux, je chevauche la mer. L’âme apaisée je danse entre les gréements. Le vent a séché mes larmes, La mer a bercé mon cœur
Lourd était mon cœur, Noir était mon âme. Je n’ai plus peur des ténèbres, Car je vois la lumière des étoiles
- Heavy is my heart:
Heavy is my heart, Black is my soul. For a long time I left my house, Leaving her in the grip of flames.
I’m tired, I want to sleep. I broke my oaths, I’m lost. Outside paths, I found a lost light. I can finally leave.
Heavy is my heart, Black is my soul. For a long time I left my house, Leaving her in the grip of flames.
The heart sinks, I took the sea. The soul in shred, I left the port. But the wind swept my tears The sea rocks my heart,
On streams, I found peace. A wave took my sadness. I’m not anymore afraid by the darkness, Because I see the light of the stars. The joyful heart, I ride on the sea. The calmed soul I dance between riggings. The wind dried my tears, The sea rocked my heart
On streams, I found peace. A wave takes my sadness. I’m not anymore afraid by the darkness, Because I see the light of the stars.
The joyful heart, I ride the sea. The calmed soul I dance between riggings. The wind dried my tears, The sea rocked my heart
Heavy was my heart, Black was my soul. I’m not anymore afraid of darkness, Because I see the light of stars
- L'oiseau et la mort:
Un jour, j’ai quitté ma demeure, Laissant derrière moi mes frères et mes sœurs, Partant à la découverte du monde.
En chemin, j’ai rencontré un étrange oiseau Séchant ses ailes de la rosée, sur une tombe. L’oiseau me dit de me méfier de la faux Et de ne pas la laisser me couper mes ailes.
O comme je regrette de ne pas l’avoir écouté ! Si, l’oiseau vous rencontrez, écoutez ! Sachez que la vieille femme n’est jamais loin ! Si vous la rencontrez, fuyez loin !
A la sortie de l’auberge du Poisson d’or, Une vieille femme décharnée, j’ai rencontré. Qu’un peu de compagnie, la vielle femme désirait, Mais je pris peur de sa faux et je fuis depuis lors.
Dans le premier bateau je suis montée, Priant les dieux qu’elle reste au port. Mais nous ne pouvons fuir la mort. Un jour, elle me prendra dans ses filets
Et la vieille femme, de mes tourments, me libérera. L’oiseau avait tort. La faux n’a pas pris mes ailes. Apeuré de ne pouvoir toujours volé, j’ai coupé mes ailes Aveuglée par la peur, j’ai perdu ma liberté.
Bientôt le bateau rentrera au port. Déjà je vois la vieille femme qui m’attend avec sa faux Mais je n’ai plus peur et avant qu’elle ne me prenne, Je lui offrirai un verre dans une coupe d’or
Ensemble nous nous en sommes allées sur les vents. Ensemble nous avons voyagé autour du monde. Je lui ai montré ma première demeure. Elle m’a montré sa dernière demeure.
La vieille femme m’a parlé d’un autre monde Mais elle ne m’as pas dit où je pouvais le trouver ! Désormais elle est dedans la tombe et dort.
Les années sont passées depuis ce jour, Je suis désormais une vieille femme J’ai retrouvé l’oiseau mais de moi il eut peur Il a voulu s’échapper mais il avait perdu ses ailes.
Et l’oiseau, la lame de la faux a fauché. Et de la mort, l’oiseau cessa d’avoir peur Car elle lui avait rendu ses ailes. L’oiseau s’en est allé chevaucher les vents
De l’autre monde, retrouver la vieille femme. Et j’ai repris mon voyage, chevauchant les vents, Jusqu’au jour où je m’allongerai dans la tombe.
- L'Homme et le Loup:
Il était un loup noble et fier. Il était un Homme de courage et de cœur. Jamais ils ne fuyaient, jamais ils n’avaient peur. Ils sont morts dans le silence mais c’est déjà hier.
Ils étaient bons avec tous, les faibles comme les forts. Il était le gardien de la forêt, pour elle il combattait. Il n’aimait pas la guerre, mais son devoir, il faisait. Ils allèrent sans peur au-devant de la Mort.
Ensemble, ils marchèrent sous la lune, Parés d’un manteau tissé d’une douce lumière. Armés de griffes et de fer, portés par une prière. Ensemble, ils tombèrent sur la dune.
Il était un loup noble et fier. Il était un Homme de courage et de cœur. Jamais ils ne fuyaient, jamais ils n’avaient peur. Ils sont morts dans le silence, mais c’est déjà hier.
L’homme et le loup s’en sont allés. Parés d’un froid manteau tissé d’ombres. De leurs âmes justes, ils furent délestés, Par un ennemi au visage longtemps aimé.
Parfois l’on peut encore les voir ensemble sous la lune, Parés de ténèbres, fuyant la lumière du soleil. Longeant, le regard terne, le cœur brisé, la dune, Ombres errantes, oubliés, spectres de la veille.
Il était un loup noble et fier. Il était un Homme de courage et de cœur. Jamais ils ne fuyaient, jamais ils n’avaient peur. Ils sont morts dans le silence mais c’est déjà hier.
- La complainte du prince:
Combien d’années se sont écoulées mère ? Où est mon pays ? Où est ma campagne ? Où est mon peuple ? Où est ma terre ? Où est mon trône ? Où est ma compagne ?
Ma cité n’est plus que ruines dans la brume, Mon peuple a disparu dans les ombres, Sans laisser de trace, disparaissant comme la brume. La guerre a jeté sur mon royaume son ombre.
J’ai donné la mort, j’ai connu la Peur. J’ai tué mon père, écoutant ma rancœur, Réclamant ce que je considérai être mon droit. Mais en courant après mes rêves j’ai trahi mon roi.
N’écoutant que ma colère, j’ai perdu mes compagnons. Où est mon peuple ? Où est ma compagne ? Où est ma terre ? Où est ma dame ? Où est donc passé le chevalier ? Où est donc le lion ?
Il n’y a plus qu’un chevalier au cœur noir, Condamné à errer au sein des ténèbres, Perdu à jamais sur des chemins sans espoir.
Et à présent une histoire et plus exactement une courte nouvelle autour de Lorna Crow, fille adoptive de Vlad Archer. L'on peut en apprendre plus sur Yuri Crow qui n'est pas qu'un simple homme las d'une guerre dépourvue de sens. Mais l'on découvre aussi les motivations d'Alexander Vladimir Celas et quelques détails sur son passé ainsi que l'existence d'une sœur aînée portée disparue, Esther Celas. De même Killian fait-il son apparition de même que Vlad Archer qui, même après être devenu un level D, n'était peut être pas le monstre que s'imaginait Killian mais un homme qui avait cru jusqu'à la fin dans ses convictions. D'autres nouvelles de ce genre suivront peut-être. PS : je renonce à en faire un second livre, l'idée que j'avais fini par élaborer pour Lorna Crow ne parvient pas à concorder suffisamment à l'univers de Vampire Knight aussi je la reprendrai dans une fiction où je ne serais limité que par des règles que j'aurais édictées, ce qui sera moins compliquée à transgresser !
- Le chant de la Louve:
Une Aube sans Soleil Lorna Crow se traînait lentement vers l’étroite fenêtre, rampant dans son sang, respirant difficilement. Bientôt, elle ne serait plus mais avant que la Mort ne la prenne, elle aurait vu une dernière fois le soleil se lever. C’était, en cet instant, tout ce qu’elle désirait et, dans l’aube naissante, son rire s’élevait lentement, raisonnant dans les couloirs déserts de la vieille école en ruine. Pendant près de deux siècles, elle s’était préparée pour tuer son demi-frère, un hybride entre le vampire et le chasseur. Elle avait cru pouvoir le vaincre en sacrifiant tout ce qui lui était chère, renonçant à son humanité mais elle était parti vaincu d’avance, un monstre ne pouvait en tuer un autre. Pour chasser définitivement les monstres il fallait un humain mais cela elle l’avait oublié. Peut-être qu’un jour quelqu’un parviendrait à le détruire, lui et tous les autres enfants de la Nuit. Elle, elle n’y était parvenue mais elle était calme, elle avait simplement froid, trop froid pour que sa cape de laine ne la réchauffe, pour que la tiédeur de l’été ne l’empêche de frissonner. Et alors que le ciel se teintait de rose et d’orange, elle se souvenait non sans une certaine nostalgie son passé.
Elle ne se souvenait guère des années qui avaient précédées ses treize ans, elle se souvenait uniquement que sa mère l’avait abandonné lorsqu’elle avait découvert que le père de Lorna ne l’avait jamais considéré que comme un passe-temps, une distraction entre deux combats. Elle avait alors cinq ans. Elle avait ensuite errer dans la ville de Paris, se nourrissant de ce qu’elle trouvait ou voler, supportant les coups et la méchanceté des autres enfants, des adultes qui la surprenaient à voler jusqu’à ce qu’un jour une femme ne lui porte secours, ne soigne ses blessures et lui promette de prendre soin d’elle. Cette femme lui fit boire chaque semaine pendant huit années de son sang, lui octroyant une force supérieure. Et, lorsque le terme de la huitième année approcha, sa bienfaitrice, Esther Celas, lui révéla qu’elle était une vampire de sang pur, vieille de plus de cinq mille ans et que l’heure était venue pour elle de s’endormir pour le long sommeil, un état proche de la mort. A l’époque, Lorna n’avait su comprendre, avait refusé de comprendre pourquoi celle qu’elle avait considéré comme sa mère l’abandonnée. Elle s’était jugée trahie, abandonnée et elle s’était renfermée dans le silence, étouffant tout sentiment jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une coquille vide errant dans un monde gris et froid. Une nuit, des hommes l’avaient capturé pour la vendre dans des enchères. Elle passa ainsi devant des regards cupides et vicieux qui scrutaient la moindre parcelle de son corps couvert d’un simple linge blanc qui ne cachait rien. Elle avait beau n’avoir que treize ans, elle savait ce qui l’attendait mais elle s’en moquait, cela n’avait aucune importance. Et puis, être une marchandise, signifiait qu’elle pouvait être utile à quelqu’un, à quelque chose même si ce n’était qu’être un jouet entre les mains d’êtres fortunés aux âmes sombres. Pourtant un soir, lors d’une énième vente où elle défilait devant une foule masquée, les mains se levaient, les prix s’envolaient pour elle mais elle n’était qu’une observatrice d’une scène infiniment cruelle qui arrivait à quelqu’un d’autre. Elle ne se souvenait plus de ce qu’était la joie, la colère, ce qu’était ressentir. Elle faisait ce qu’on lui disait, exécutait ses tâches le regard morne sans que rien ne la fasse réagir. Jamais elle ne riait, jamais elle ne souriait, jamais elle ne pleurait, jamais elle ne gémissait, qu’elle soit affamée ou battue ; elle était comme morte. Ses tortionnaires la trouvaient bizarre mais ils en seraient bientôt débarrasser et eux plus riches alors ils s’en moquaient. Désormais, Lorna avait presque envie de rire même si cela lui était douloureux, plusieurs de ses côtes étant brisées, mais devant ses yeux, sa vie se déroulait comme dans un caléidoscope de lumières, d’images mouvantes, de sons et d’odeurs. De nouveau elle était sur l’estrade, de nouveau les mains se levaient pour l’acquérir pour une raison sans importance et, depuis les ombres du fond de la salle, un homme vêtu d’un cache-poussière en cuir brun, usé par les ans, un chapeau large au bord relevé enfoncé sur le crâne, dissimulant son regard, observait ces individus assez abjects pour acheter des humains, des enfants, pour leur seul plaisir. Il n’était pas lui-même un saint, il avait commis plus d’atrocités que tous ceux ici présents mais il avait un reste d’honneur, de fierté et pourtant, il levait la main à son tour, enchérissant sur cette malheureuse. Cela lui couterait un bras pour l’avoir mais il n’avait d’autres choix pour pouvoir l’approcher, s’assurer qu’elle était bien ce qu’il croyait. Il avait dû laisser son fusil dans sa chambre d’hôtel, cachait dans le conduit de cheminée, l’un de ses vampires, l’un de ses monstres qui trompaient le commun des mortels sous une apparence humaine aurait pu sentir la présence d’une arme dont le seul but était de les tuer ; c’était déjà un miracle que personne ne prête attention à lui. Il n’avait donc qu’une canne-épée dans l’acier le plus ordinaire qui soit, une bien maigre défense contre ces aberrations de la nature mais c’était le prix à payer pour passer inaperçu. Les prix étaient désormais si élevés que seuls quelques rares personnes enchérissaient encore et bientôt la somme dépasserait ce qu’il pouvait se permettre. Près d’un demi-million de francs pour une gamine, s’en était devenu ridicule. Pourtant les trois coups de maillets finirent pas tomber, tel un glas annonçant la fin de toute chose, mettant fin aux enchères et l’homme masqué qui avait présenté les produits du jour, des enfants d’une dizaine d’année à la vingtaine, annonça gaiement à l’assistance que cette jeune fille aux cheveux couleur de feu était vendue pour six-cent soixante-six mille francs à l’homme au chapeau du fond qui était prié de le rejoindre dans la pièce voisine pour conclure définitivement la transaction. Vlad Archer grinça des dents en entendant le prix, il n’avait jamais pensé en arriver là mais c’était fait et désormais il devait payer alors il se dirigea vers la pièce où l’on conduisait son acquisition, jetant un bref regard à un des enchérisseurs qui le dévisageait avec un sourire amusé. L’avait-il reconnu ou savait-il pourquoi il avait enchéri au-delà de toute logique ? C’était impossible mais pouvait-on avoir la moindre certitude face à des monstres ? Lorsqu’il pénétra dans la petite loge aménagée en bureau, Vlad nota la présence de lourdes chaînes dans un coin, scellée aux murs et, recroquevillée à côté, la fillette qu’il venait de remporter. Un homme masqué se trouvait derrière le bureau, lui faisant signe d’approcher, le félicitant pour sa « victoire », encaissant le prix avec un air satisfait puis le laissant emporter son lot.
De retour à l’hôtel, Vlad l’envoya se laver, lui donnant une de ses dernières chemises propres, puis il fit ses bagages, récupérant son arme, esquissant un sourire de satisfaction en sentant dans sa paume la crosse familière, puis il attendit à la fenêtre, guettant le moindre signe dans la ruelle. Le quartier n’était qu’un coupe-gorge, un lieu malfamé où l’on pouvait trouver presque tous les trafics imaginables mais ce n’était pas cela qui l’inquiétait ; depuis qu’il avait quitté la salle des ventes il avait le sentiment que quelqu’un ou quelque chose le suivait. Chaque fois qu’il avait regardé dans son dos, il n’avait rien vu mais son instinct ne le trompait jamais. Quoi que cela puisse être, c’était après lui, ou l’enfant, après tout, s’il avait raison, elle n’était autre que la sœur d’Alexander Vladimir Celas, l’héritière légitime de ce clan de sang pur et l’unique survivante de la purge que son frère avait effectué trois siècles plutôt. Il avait entendu dire que celle-ci avait gardée l’apparence d’une enfant mais il ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle avait l’air si vide, si apathique et surtout avait l’air si humaine. De plus jamais elle ne se serait laissé vendre, elle les aurait tués sans une once de pitié. Hélas il n’aurait pas aisément sa réponse, pas tant qu’elle serait dans cette léthargie. Une demi-heure plus tard, la jeune fille sortit de la salle de bain, terminant de fermer les boutons de la chemise trop longue, s’arrêtant au milieu de la pièce, ne sachant pas ce qu’elle devait faire.
« Tu as un nom ? » demanda Vlad en récupérant dans la salle de bain le drap qui avait servi d’habit à l’enfant jusque-là, le fourrant dans sa valise. Il laisserait le minimum de traces de son passage, sachant que la Guilde n’approuverait pas ce qu’il s’apprêtait à faire mais il ne laisserait pas son ancien ami, même s’il l’avait trahi, devenir un pion entre les mains de ce qu’il voyait comme des monstres, des êtres indignes de confiance, indignes même d’exister. C’était ironique que pour cela il soit obligé d’obtenir l’aide de l’un de ses êtres pour pouvoir espérer vaincre le patriarche des Celas. Quelques années plus tôt il aurait pu espérer le vaincre seul mais plus maintenant, plus depuis que ce démon avait planté ses crocs impies dans sa gorge, le transformant en vampire, le condamnant à dégénérer jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une soif insupportable et, avec le temps, à devenir une simple bête dépourvue de toute conscience. Il l’avait caché à ses frères, se tenant à l’écart, limitant ses contacts à des lettres. Le plus difficile restait toutefois de trouver des munitions mais entre le marché noir et les chasseurs inattentifs qu’il lui arrivait de croiser, il n’avait jusqu’alors pas eu de problèmes et en cas de besoin il avait encore de nombreuses armes dans son refuge de la Forêt Noire.
« Lorna. » répondit-elle d’une voix timide. « Nous partons Lorna. Je ne peux pas t’expliquer maintenant. » lui dit-il avec un air qu’il voulait réconfortant, prenant sa valise d’une main et de l’autre celle de sa protégée.
Neuf années s’écoulèrent depuis ce jour. Vlad Archer avait enfermé Lorna dans les sous-sols de sa chaumière perdue au cœur de Schwarzwald, Il ne la laissait que rarement sortir, une fois par mois et uniquement dans les environs, sous sa surveillance. Elle n’était pas celle qu’il avait espéré mais la fille de son vieil ami, Yuri Crow. Son seul lien avec l’ancienne maîtresse des Celas était que cette dernière lui avait sauvé de la mort en la laissant boire son sang pendant huit années, avant qu’elle ne se plonge dans un profond sommeil dans un lieu tenu secret. Ainsi l’enfant lui était inutile, du moins pour lutter contre des sang-purs et il l’avait adopté, espérant pouvoir être plus présent pour elle qu’il ne l’avait été pour sa propre fille qui n’avait pas survécu à une épidémie de choléra. Il aurait sans doute dû l’envoyer à la guilde, elle aurait été plus en sécurité qu’auprès de lui qui pouvait devenir incontrôlable à tout instant mais il n’avait pu s’y résoudre, préférant la former lui-même comme il avait été lui-même formée, lui enseignant tout ce qu’il avait appris jusqu’à l’art de l’assassinat qu’il tenait de sa mère. Puis, à l’approche du 21 décembre 1867, sentant sa fin proche, Vlad Archer la libéra, lui offrant une épée forgée dans le meilleur acier et l’un de ses pistolets ainsi qu’un jeu de balles anti-vampires, non pour qu’elle s’en serve mais pour qu’elle puisse se protéger. Il lui dit de partir très loin et de ne jamais revenir, que l’heure était venue pour lui d’affronter ses démons et il partit, avec son fusil et son second pistolet. Lorsqu’il revint neuf ans plus tard, après avoir fui sans cesse le vieux Celas et son âme damné, Killian Celas, l’hybride et aristocrate né de l’union entre Yuri et Lilith Celas, la fille d’Alexander Vladimir, il trouva la chaumière comme il l’avait laissé, si ce n’est qu’elle était vide. Il avait sorti un fauteuil, l’installant à l’abri du porche, surveillant la route en buvant un verre de cognac et fumant un cigare, le fusil sur les genoux., et attendit la venue de ses poursuivants, se remémorant la joie douloureuse qu’il avait eu à plonger ses crocs dans la gorge de la belle Lilith mais aussi des jours où il n’était qu’un jeune homme qui prenait la chasse à la légère, comptant sur son ami pour le tirer de ses mauvais pas et jamais Yuri ne l’avait déçu jusqu’au jour où il avait écouté ses sentiments et était parti avec cette vampire. Il avait eu une vie bien remplie, il avait aimé et haï et désormais, alors que le long répit dont il avait bénéficié touchait à son terme, il était heureux et en paix, se demandant simplement comment se porter sa fille.
Vlad fut tiré de ses pensées par le hurlement des loups, annonçant la venue des deux vampires. Alors il reposa son verre sur le sol, jeta son cigare au loin et se leva, armant le chien de son fusil, les yeux rivés sur les deux hommes qui approchaient. L’un comme l’autre était tellement sûr de leur victoire qu’ils n’attaquèrent pas tout de suite, laissant le temps à Vlad de demander à l’enfant « Dis-moi gamin, t’a-t-il déjà dit qui avait donné naissance au vampire qui a tué ta mère ? Qui a fait de moi un monstre ? Un indice ? Il est à côté de toi. » avant de tirer sur le sang pur, sachant déjà que c’était peine perdue, qu’il n’avait aucune chance mais il le faisait parce qu’il refusait de laisser sa part vampirique l’emporter sur le chasseur. La balle manqua sa cible, allant se perdre dans la forêt et, alors qu’il tirait une nouvelle fois, l’ancien chasseur eut la joie de voir que ses mots avaient touché le jeune paria qui était tombé au sol, regardant dans le vague, murmurant en boucle « non, non, non. » puis il sentit la main glacée du sang pur s’enfonçait dans sa poitrine, arracher son cœur et le vit le broyer d’un air sauvage. Durant une seconde qui lui parut être une éternité, Vlad savoura l’instant et, pensant une dernière fois à Lorna, il mourut.
L’aube trouva Lorna, agenouillée devant un tas de cendres et d’habits, à côté de la carabine Winchester 1866 du chasseur tombé. C’était tout ce qu’il restait de son passage en ce monde désormais avec un nom sur les registres de la Guilde. Sans un mot, versant une unique larme, la jeune femme prit délicatement le cache-poussière, se leva, le secoua et le passa sur ses épaules avant de prendre l’arme et partir, faisant le serment de retrouver son demi-frère et lui reprendre l’épée des Crow qu’elle n’acceptait pas de savoir entre les mains d’un vampire, fut-il pour partie chasseur.
Depuis la mort de son père adoptif, Lorna avait longtemps voyagé, remontant la piste de son demi-frère, manquant souvent de le rattraper de peu. Une fois elle avait failli le retrouver mais Alexander Vladimir Celas, l’un des sangs purs qu’elle honnissait le plus au monde, ayant fini par lui faire porter la responsabilité de son abandon par Esther, l’en avait empêché, lui disant que si elle s’attaquait à son descendant elle mourrait, même si celui-ci niait désormais être un vampire. A l’époque, elle avait pris peur, et avait laissé fuir ce qui aurait pu être son unique chance de le retrouver dans une vie mortelle mais Lorna Crow n’était pas une simple humaine. Son sang était souillé par la même malédiction que ses ancêtres, celle qui, depuis des siècles, frappait les chasseurs qui, pour lutter à armes égales avec les vampires, avaient dévoré la chair d’une sang pur et elle avait découvert après près de quarante ans qu’elle ne vieillissait pas, gardant une apparence éternellement jeune. Elle s’en était réjouie à l’époque et elle s’était abandonnée à ses ténèbres intérieures, tuant humains et vampires pour de l’argent, ne servant que ses intérêts en se moquant de la guerre qui faisait rage dans un monde pris de folie. Elle était ainsi devenue semblable à celui qu’elle traquait, inhumaine et monstrueuse, dépourvue d’âme. La seule différence était qu’elle ne se nourrissait pas de sang pour se nourrir, elle ne le faisait couler que pour vivre.
Une fois, l’espace de quelques années, elle avait oublié sa quête. C’était pendant la première guerre mondiale, alors qu’elle traversait une ville en ruine. Elle avait alors trouvé une jeune enfant qui avait perdu ses parents et, pris de pitié, elle l’avait prise sous son aile, l’élevant en lui cachant la vérité sur son monde mais, comme avait fait Vlad Archer pour elle, Lorna l’a forma à tuer. Elle pensait qu’ainsi l’enfant aurait une chance de se protéger, certes faibles si elle devait faire face à un vampire mais c’était tout ce qu’elle pouvait faire. L’enfant n’ayant pas de nom, elle lui donna le sien, celui qu’elle avait porté vingt ans plutôt avant de devenir Jeanne Archer, celui de Lorna Archer. Mais, en 1921, elle retrouva la trace de Killian et elle reprit les armes, repartant sur les routes jusqu’à une école de campagne où elle tendit un piège pour l’attirer, une simple lettre signée du nom de Archer. Sa proie avait répondu à l’appel, elle l’avait regardé approcher, l’épée des Crow au côté, seul. Elle avait attendu qu’il ne la trouve près d’une fenêtre du couloir du premier étage et lorsqu’il avait demandé qui elle était, Lorna lui avait répondu qu’elle était la fille adoptive de Vlad Archer, et la fille aînée de Yuri Crow. Mais déjà la haine sans raison de son demi-frère l’avait aveuglé et le combat avait débuté. Les balles anti-vampires n’avaient pas semblé l’affecter et la Winchester était inutile en combat rapprocher alors elle s’était servie de son épée, croisant le fer, faisant profit de tout son art mais pour chaque blessure qu’elle infligeait, elle en recevait trois et sa seule chance de le vaincre était de le décapiter. A un instant elle pensa dominer, ayant parvenu à frapper suffisamment fort pour qu’il lâche son épée, lui permettant de s’en emparer mais -avait-ce était la peur de la mort ou une résurgence de sa confiance enfoui ?- alors qu’elle s’apprêtait à porter le coup de grâce, les ombres s’étaient mises à bouger et des pics noirs la transpercèrent de parts en parts. Elle avait alors fait tomber ses armes et s’était effondré au sol. Elle avait été vaincu et son ennemi, son frère la laissait agonisait seule, emportant les armes forgés pour lutter contre les vampires avec lui, oubliant déjà qui elle était. Dans son esprit il avait tué une vampire.
Décidément sa vie avait été une belle ironie et, même si elle avait bien d’autres souvenirs dont elle aurait souhaité ce souvenir à cet instant, elle ne ressentait plus que le goût amer de la défaite. Lorsque les premiers rayons du soleil parurent, dissipant les dernières ombres, Lorna Crow était morte, assise sur le rebord en bois de la fenêtre, une main sur son flanc là où les lames d’obscurité l’avait transpercé. Et, quelques heures plus tard, elle fut retrouvée, figé dans un éternel sourire, les yeux encore ouvert, une unique larme séchée sur sa joue droite.
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