Le soleil inondait l'Académie de ses doux rayons en ce jour d'Octobre. Les températures commençaient peu à peu à descendre, les chaleurs automnales laissant place aux prémices de l'hiver, pourtant il ne faisait pas trop froid cette journée-ci.
Près de la fontaine, une silhouette s'était réfugiée sous une ombrelle et avançait lentement, se promenant dans les allées bordées d'arbres du campus. En quelques mois, les cheveux de Yona avaient poussé et caressaient de leurs pointes la peau de ses épaules, ondulant en vagues plus soyeuses qu'autrefois. Mais si une chose n'avait pas changé c'était bien son habitude de sortir le jour pour arpenter les chemins alors que ses congénères dormaient profondément. La demoiselle avait un sommeil capricieux et ses tourments l'empêchaient chaque jour de fermer l'oeil correctement. Alors pour taire ces angoisses dérangeantes, la jeune femme canalisait ses pensées en promenant son regard sur les jardins de l'académie.
La plénitude du lieu l'apaisait, la présence des plantes sans doute. Les Hio étaient connus pour posséder un lien fort avec la nature, principal pouvoir de Shizuka par exemple. Et descendante directe de cette dernière, Yona ne pouvait que se sentir en confiance dans un endroit peuplé de végétaux. Son pas distrait l'avait mené à la fontaine, endroit aussi symbolique que fascinant. Depuis sa chute d'une falaise lors d'une de ses fuites passées, la rousse enfant craignait l'eau. Elle en avait une peur bleue, se souvenant encore de son corps frêle offert à la puissance des vagues. Si elle avait été humaine, Yona en serait probablement morte noyée et broyée par les forces naturelles mais sa nature en avait décidée autrement. En tant que vampire, la cousine de Kaname ne pouvait dire adieu au monde aussi facilement et avait dû attendre que la mer ne la rejette sur une plage quelconque... Pourtant le liquide pure qui s'écoulait de la fontaine clapotait presque musicalement et l'aidait à taire ses angoisses.
C'était dans cette humeur molle mais agréable que la rouquine était disposée. L'ombrelle réduisait grandement les effets du soleil mais ne garantissait pas une protection totale, si bien que la lumière diurne l'assommait malgré tout. L'enfant de la nuit s'était arrêtée soudainement, interrompant son évolution dans les allées. Elle tourna lentement la tête, surprise en entendant des graviers crisser sous des semelles inconnues. Quelqu'un venait. Cependant cette personne semblait être inconnue, la vampire ne reconnaissait pas son odeur ni l'énergie de cette dernière mais avait remarqué la nature humaine et masculine du nouvel arrivant. Ne voulant pas l'effrayer, la demoiselle s'assit sur le rebord de la fontaine, prenant un air naturellement pensif pour ne rien montrer de son inquiétude quand à l'identité de l'étranger...